[RP solo biographique] Une nouvelle terre, une nouvelle vie.

L'histoire se passe ici quelques temps avant les évènements qui ont signé la chute de l'empire et la domination sombrage sur Bordeciel. Je fais ici une sorte de biographie de mon personnage au travers de ce RP, qui ne sera sans doute pas le seul que je ferai pour expliquer un peu comment il en est arrivé là.


Enfin, nous arrivons non loin de Solitude. On n'a cessé de me parler de la ville depuis que nous sommes partis de l'Archipel. Pas qu'en bien d'ailleurs... De la ville, de ce pays et de ses habitants. Jusque là, je ne peux pas dire que je les tienne en bien grande estime, mais après tout cela changera peut être avec le temps. Cela dit, j'en doute, et l'on ne me demande de toute façon pas d'avoir de l'estime pour eux, mais simplement de faire mon travail.
Il est d'ailleurs anormal que j'aie le moindre travail à faire, mais fort heureusement père a beaucoup joué de ses influences pour que je ne reste pas en retrait.

Depuis des années, il m'apprend la magie. Dès que j'ai eu dix ans, il a commencé à introduire les notions principales les plus basiques, à me faire comprendre ce que pouvait être la maîtrise des arcanes et les immenses pouvoirs que l'on pouvait trouver dans leur étude.
Rapidement, il a commencé à m'apprendre quelques usages rudimentaires des sorts les plus simples, ceux qu'un enfant est capable de contrôler s'il a un tant soit peu de cervelle, de volonté, et d'envie. Mais j'avais plus que ça.
J'avais un don.

Il n'a pas fallu longtemps pour que l'usage qu'il m'enseignait de ces sorts ne soit dépassé par ma propre expérience, pour que je sois capable de faire bien plus que ce qu'il m'avait montré. J'étais capable de prouesses inaccessibles à nombre de mes aînés.
Alors il a décidé de me tester, réellement, et de commencer à sérieusement m'entraîner à la pratique de la magie. Je montrais tout particulièrement des capacités exceptionnelles en conjuration, et j'eus rapidement à mes pieds quelques créatures mineures, fauchelans, galopins, des êtres pitoyables et méprisables.

Mais il m'assurait que je devais d'abord être capable de les tenir à mon service longtemps avant de passer à autre chose. Il s'est décidé à me faire passer à quelque chose de plus important une fois que je sois parvenu à faire obéir une petit cohorte de ces lutins à mes commandements pendant plusieurs jours de suite. Il ignorait que pendant tout ce temps, j'avais secrètement réussi à invoquer plusieurs atronachs ainsi que des entités majeures. Ce fut relativement aisé, le jour où il me "l'enseigna...".

Puis un jour, quelques temps après mon quatre-vingt dixième anniversaire, on nous annonça que la guerre était fini, que le traité avait été signé. Et que l'on n'avait plus tellement besoin de lui... Il entraînait jusque là nombre de mages pour le Thalmor. Mais il n'y en avait plus à envoyer combattre.
C'est ainsi qu'on l'envoya, avec ma mère et moi, en Bordeciel, pour y calmer et mater une rébellion de nordiques. Rapide, nous avait on dit.

C'est pour cela que je vogue sur la mer des fantômes, à quelques lieues à peine de cette cité de Solitude, et que je me repasse en boucle, dans ma petite et sombre cabine du pont arrière, les meilleurs moments de ma première vie. Quelque chose me dit que celle qui vient s'annonce bien moins agréable...

On a frappé à ma porte, on m'a dit que le jour s'était levé. J'ai bien failli le brûler, ce crétin... J'ai une lucarne à ma cabine, tout de même. Cette saloperie de soleil m'a déjà réveillé il y a un moment. Enfin, s'il est venu me voir, c'est qu'il faut que je me lève. Il doit y avoir pas mal de monde sur le pont. Et que je me dois de les rejoindre.

Mon grade n'est pas si bas, j'ai pu monter rapidement dans la hiérarchie du Thalmor. Mais il me reste un bon nombre d'échelons à gravir pour ne serait-ce que réussir à atteindre mon père. J'ai peu d'espoirs, et peu d'envie. J'aime la magie, mais même mes camarades m'insupportent. Les fonctions les plus hautes entraînent énormément de responsabilités, et empêchent de se focaliser sur ce qui est important...

Le vent me cueille à peine sur les planches de bois glissantes et vermoulues. Ils disent que c'est normal, mais ça m'inquiète un peu de naviguer sur une tel rafiot, dans une mer aussi déchaînée que peut l'être celle-ci. Enfin... Il y a beaucoup de monde en effet, les matelots se baladent un peu partout, sur le pont, mais nombre d'entre eux se concentrent dans les gréements, sur les cordages. Trois vigies font des rondes sur les postes d'observation, sans arrêt. Pas de matelots, seulement des soldats...

Père est sur le pont avant, de l'autre côté du bateau, il parle avec l'état major. Mère aussi est là, errant sur le pont.

Juste au moment où les premières alertes retentissent.

Des cris venant des mats. Des alertes venant des vigies. Je me précipitai à bâbord, puis à tribord. Deux navires, l'un qui rasait les écueils, sous les falaises, et l'autre en pleine mer. Le premier nous suivait, le second nous fonçait droit dessus. Celui qui rasait la terre fut le premier éliminé. Il était le plus près, et donc la cible la plus facile, la plus évidente. Quelques sorts partirent, le capitaine paniqua quand un éclair lui rasa la tête, et tourna la roue un grand coup. La proue se tourna lentement vers la falaise. Le vent était fort, le navire rapide. Tout l'avant éclata en morceaux, des planches volèrent dans les airs avant de retomber. En quelques instants, le reste avait coulé, et avec lui ses hommes. Personne ne pouvait survivre à un voyage dans une eau aussi froide.

Mais la joie fut de courte durée. Pour moi au moins.
Un autre cri retentit, et nous nous retournâmes. Une volée de flèches et de carreaux s'était envolée du pont du second navire pirate. Elle arrivait à toute vitesse, en sifflant. Des barrières apparurent de toutes parts, quelques personnes se cachèrent derrière les mats ou les bastingages. Il ne restait plus grand monde à découvert. Mais il y avait la mère.

Deux carreaux et une flèche lui passèrent au travers du corps. Elle s'effondra sans un cri, clouée par les projectiles au pont du bateau.

Par la suite, tout fut... confus. Je me souviens simplement avoir invoqué rapidement un atronach de flammes. Il fut le premier à arriver sur le bateau. Il fit quelques pirouettes au dessus, et rasa le pont à son tour, enflammant les corps et le bois. Les flammes grimpèrent haut dans la brume, et les craquements couvrirent rapidement les cris des pirates, enfermés dans leur cercueil de bois, sur une mer pâle et sombre en même temps.

C'est ainsi que nous sommes arrivés en vue du phare, avec le corps de ma mer sur le château avant...

Quelques autres cris ont retenti pour nous dire que le phare brillait non loin de nous, au travers des brumes qui se dissipaient. Mais peu d'entre nous regardaient le grand feu qui en éclairait la sommet. Nous regardions tous le corps inanimé de ma mère. Mon père vint, marchant et courant à moitié. Il ne parlait pas, ne disait rien. Personne ne disait rien. Même les matelots avaient compris ce qui se passait.

Pour le reste, ce fut un peu confus... Je ne me souviens pas grand chose de ce qui se passa par la suite. Je me souviens de l'arche, immense, le port, plein de bateaux. Tous ceux qui nous attendaient, la haie d'honneur... une haie funèbre au final.
Nous avons porté son corps. Mais il a été emmené dans l'ambassade au plus vite, alors que je suivais mon père dans la ville de Solitude pour rencontrer un bon nombre de responsables...

Mais je restais en arrière tout du long, marchant presque à reculons. Nous nous approchâmes d'une épaisse tour, grimpant quelques marches, puis une rampe. Il y avait un impressionnant nombre de légionnaires ici ! J'en avais déjà vu quelques uns pendant des escarmouches, mais là, il y en avait une petite armée. Depuis la signature du traité, ils n'avaient au moins plus besoin d'une grande armée en tous sens. Ils pouvaient enfin se concentrer là dessus !

Et nous étions là à notre tour, ennemis alliés par la force. Je voyais dans les regards hostiles de ces hommes que ce n'était pas l'envie qui leur manquait de nous étriper ici et maintenant... mais ils ne le pouvaient pas.

J'avais décidé de ne pas assister aux rites funéraires. Je n'avais pas la moindre envie de la voir allongée devant mes yeux, sans vie... Père seul y était allé, il m'avait laissé à Solitude. Puis on avait renvoyé son corps sur l'Archipel, qu'elle repose au moins dans le sol qui l'avait vu naître, et pas dans ces terres glacées et inhospitalières habitées par ces hérétiques.

Au final, c'était bien ce que l'on était venu faire. Rapidement, après quelques jours passés cloîtré dans ma chambre miteuse des sous sols de la garnison, j'avais enfin était convié par mon père à une réunion. En tant que fils de l'un des plus grands de nos généraux, j'avais quelques droits à voir un peu ce qui allait se passer, surtout étant donné la part active que j'allais sans doute être amené à prendre dans cette "guerre".
Il vint à l'aube, pour autant que je puisse en juger, et me mena jusqu'à la surface, puis il me fit monter dans la tour en elle même.


"J'espère que tu te sens prêt...
_ Pourquoi ne le serais-je pas ?
_ Parce que tu n'as jamais été confronté aux Impériaux, à leurs généraux.
_ Je ne vois pas ce que ces larves peuvent avoir de si terrible.
_ Tais toi, par les huit !
_ Pourquoi cela ?
_ Parce que le traité ne nous garantit pas tout. Tu surestimes le pouvoir de ce bout de papier.
_ Mais pas le notre... Nous pouvons les anéantir, c'est pour cela qu'ils ont bien voulu signer le traité.
_ Nous perdrions beaucoup trop d'hommes... faisons attention à ça.
_ Bien..."


Nous passâmes les deux lourdes portes en bois hautement surveillées et pénétrâmes dans Mornefort.

Il y avait encore de l'argent dans les anciennes provinces manifestement, bien que la guerre ait sévèrement affaibli l'Empire et ait rongé ses fondations relativement profondément. Les tapisseries étaient relativement belles, d'un goût cela dit douteux, mais bien réalisées et richement ornées. Il y avait des fils d'or, et la présence de colorant plus que coûteux dans les fils.
Mais les meubles étaient mités, vieillis, le tapis sur lequel nous marchions était troué et poussiéreux. Et le trône... Le trône était une sacrée parodie ! Il avait été beau. Mais on en avait arraché toutes les pierreries, et les sculptures qui l'ornaient étaient abîmées. La patine n'avait plus aucune superbe, et ne donnait l'air à ce fauteuil que d'une vieille relique.

Nous passâmes derrière et entrâmes dans une petite salle vide et seulement éclairée d'une torche qui faiblissait déjà. Tout paraissait décidément complètement passé...
Puis nous montâmes dans les escaliers, et enchaînâmes les escaliers les uns après les autres. D'abord un balcon, puis une salle dans laquelle une longue table de buffet se trouvait, et encore d'autres salles d'apparat et d'appartements, et puis enfin celle où nous étions censés retrouver les généraux. Inutile de dire que nous fûmes surpris de trouver la salle complètement vide.

Il n'y avait qu'une large table de bois, sur laquelle était étalée une carte du pays, clouée aux tables par des dagues en fer profondément fichées dans le bois durci du plateau. Quelques chaises sans aucun doute inconfortables étaient disposées tout autour.
Des petits clous de fer, surmontés de drapeaux de différentes couleurs, marquaient un grand nombre de locations plus ou moins stratégiques. J'en profitai pour examiner un peu plus en détail la disposition des villes et des villages, les lacs et rivières, les limites des châtelleries, les chaînes de montagnes et les cols, les plaines et les plateaux... En quelques minutes, j'avais gravé à jamais dans ma tête la géographie de ce pays.

Cela allait s'avérer bien utile...

J'avais écrit un peu en avance, je vais en mettre une partie, histoire de ^^


Arriver en avance pouvait souvent être mal vu, mais ils ne nous en tinrent pas rigueur cette fois là du moins. On pouvait imaginer qu'ils ne seraient à l'avenir peut être pas aussi tolérants que cela. En tout cas, il n'y avait que du beau monde... Deux généraux de chez nous, dont je ne connaissais pas le nom, sans doute affectés depuis déjà un bon moment ici, depuis la guerre. Pas les plus illustres, on ne les aurait pas envoyés ici sinon, et on m'aurait enseigné qui ils étaient. Et puis vint l'ambassadrice elle même, qui avait droit de regard sur ce qui allait se passer dans cette pièce en cette matinée. Et enfin l'état major impérial, le général Tullius et son légat, une dénommée Rikke, deux valeureux combattants et des gens de valeur paraissait-il, et l'envoyé spécial et représentant de l'empereur dans cette délégation.

Une fois finies les politesses d'usage, nous prîmes tous un siège autour de la table et nous mîmes à discuter tranquillement, poliment. Les propos étaient doux et mesurés, tout le monde jouait bas, mais on sentait la tension sous-jacente comme une présence dans les airs, comme une autre personne assise à la table, encore muette, mais attendant le moindre faux pas pour se rappeler au bon souvenir de tout le monde.

Ce fut Tullius qui ouvrit la séance.

"Bien... Bonjour à tous, je vous souhaite une... une bonne matinée, et j'éspère que nos envoyés fraichement arrivés ont fait bon voyage."
On sentait la difficulté qu'avaient ces mots à sortir de sa bouche... difficulté bien compréhensible celà dit, il n'avait sans doute aucune envie de nous voir ici.
"Bon, commençons. A vrai dire, vous allez me dire ce que nous allons commencer, parce que moi, je ne sais pas tellement quoi vous dire... D'un côté, nous avons signé le traité, et vous avons donc... cédé le pas. Donc...
_ Donc vous nous demandez de nous débrouiller ? répondit l'ambassadrice.
_ Exactement, reprit calmement Rikke, nous souffrons déjà suffisamment de vous voir ici, faites votre boulot.
_ Rikke...
_ Pardonnez moi général.
_ Votre amie n'a pas sa langue dans sa poche, lança un des généraux.
_ Eh bien au moins elle montre le fond de ma pensée."
Il avait fallu à peine quelques secondes, et seulement quatres acteurs, pour faire dégénerer la situation en beauté. Cela n'allait pas être facile du tout... Père choisit cet instant de silence pour intervenir.
"Je pense que... que nous devrions tous nous calmer un peu. Nous sommes fatigues du voyage, et vivre dans ce pays ne doit pas aider à se détendre pour ceux qui y sont depuis un moment, loin de leur contrée d'origine. Faisons tous attention à ce que nous disons... Nous avons sans doute beaucoup à faire, et peu de temps. Je ne sais pas à quel point est ardue la tâche qui nous a été confiée, mais je pense qu'un minimum d'union ne sera pas de trop.
_ Je trouve qu'il vous est bien aisé d'arriver en conquérants ici et de vous lancer dans de tels discours alors que vous n'avez qu'à disposer de nous comme bon vous semble, répondit le représentant de l'empereur. Nous obéirons parce que nous n'avons pas le choix, mais n'attendiez ni sympathie ni bonne volonté ni obséquiosité de notre part.
_ Si au moins nous pouvons partir sur de telles bases, ce sera déjà ça, aquiesca mon père en se rasseyant.
_ Bien !" L'ambassadrice se leva. "Sans doute nul d'entre vous ne sait exactement l'ampleur de la tâche qui nous attend... que ce soit parce que vous ne vous êtes pas penchés dessus, mais cela fait un bon bout de temps que je suis ici, et que j'étudie la situation.
_ Alors éclairez nous, je vous en prie." Jusque là, je n'avais rien dit, mais son ton suffisant, supérieur, était bien trop pour moi. J'avais bien tenté de ne pas paraitre trop excédé, mais la pause un peu trop longue qu'elle fit était un indicateur clair, il fallait que je me taise. Le regard de mon père aussi me le dit. Elle reprit doucement.
"Bien... La rébellion d'Ulfric Sombrage nous a couté plus que ce que je pensais au premier abord. Quand il a commencé à donner des signes d'activité un peu plus intense qu'auparavant, nous ne nous sommes pas inquiétés. Jusqu'à ce qu'il tue le haut roi dans un duel singulier en tout cas. Dès lors, il a accumulé un grand nombre de fidèles... Plus que des fidèles, ça devient une armée. Des dizaines, peut être des centaines d'hommes qui l'ont rejoint et ont prit l'habit bleu qui les caractérise. Bien sûr, la plus grande partie d'entre eux se trouve dans Vendeaume, leur capitale, mais ils en ont dispersé dans toutes les châtelleries... Certaines se sont ralliées à notre cause, mais elles disposent de trop peu d'effectifs pour vider les forts investis. C'est donc là que nous intervenons.
_ Et de quelle façon ? sembla s'interroger l'un des généraux.
_ Simplement : châtellerie par châtellerie. Avec le concours de nos amis de la légion, nous sécuriserons une par une les châtelleries de Bordeciel. Nous passerons en premier, et la légion s'intallera par la suite, avec quelques effectifs Thalmori en contrôle, dans les villes et les principaux forts. Vous avez ici marquées les positions stratégiques qu'il nous faudrait défendre si nous voulons garder un tant soit peu le contrôle."

Nous nous levâmes tous, les chaises raclèrent le sol de pierre bruyamment. Tous penchés, nous examinèrent la carte et les drapeaux, de deux différentes couleurs, qui marquaient les positions que tenaient chacun des camps. Autant dire que la partie était loin d'être jouée, et la guerre loin d'être gagnée. Nous avions à peine la moitié des territoires acquis à notre cause, et encore... ils n'étaient qu'acquis à notre cause. Pas contrôlés, pas tenus par nos armées. La seule chose que nous aurait permis de gagner était d'avoir une emprise absolue sur chaque pouce de terrain. Pas facile si nous avions été seuls, il nous aurait fallu un grand nombre de soldats sur Thalmors dépéchés sur place, mais avec l'aide contrainte de la légion, nous avions déjà bien plus de chances.
Et ainsi, pendant plusieurs heures sans s'arrêter, nous discutâmes des tactiques, stratégies, mouvements, forces en présence, la totalité des variantes que nous aurions à gérer pour réussir notre mission.

Nous ressortîmes en fin d'après midi, alors que le soleil pénait déjà à passer au delà des hautes murailles et à réchauffer la cour froide dans laquelle bon nombre de soldats s'entraînaient encore et toujours. Je montai, seul, sur la muraille nord, et m'appuyai sur un crénau pour observer le ballet des entrainements. Derrière les archers, des groupes de deux, trois ou quatre guerriers se battaient les uns contre les autres, faussant leurs attaques au dernier moment pour ne pas se blesser, mais à deux doigts de se tuer à chaque instant. Encore une fois, encore heureux qu'ils n'aient pas décidé de nous attaquer. Si une flèche déviait, je n'aurais pas une seule seconde de temps de réaction avant de tomber au bas de la muraille, mort. La méfiance s'imposait d'elle même, après tout nous avions mis à bas leurs forces, nous les avions soumis... Et la fiérté naturelle dont je faisais preuve, je pouvais tout à fait imaginer qu'ils en avaient également en réserve. Et qu'elle n'avait pas intérêt, pour nous, à éclater.

Je ne redescendis qu'une fois que tous furent rentrés, et que les lunes seules dispensent un peu de lumière sur moi. Quelques gardes dont les ombres étaient allongées par les rares torches et braséros, disposés ça et là dans quelques recoins un peu sombres. Les légionnaires restaient relativement nombreux dans les rues où je déambulais. La légion gardait le contrôle de Mornefort, mais les gardes de la cité patrouillaient en grand nombre dans les rues relativement vides. La population avait sans doute un peu peur... et elle ne voulait pas nous croiser. Je ne voyais que haine, colère et mépris dans les regards qui croisaient le mien. Je les méprisais également, eux qui vénéraient une hérésie, un faux divin, canonisé par erreur par une bande de moutons incapables d'utiliser ce qu'ils avaient dans la tête. Ou ce qu'ils n'avaient pas.

Je finis par rentrer, descendre les trois étages qui amenaient jusqu'à ma chambre, mitoyenne de celle de mon père. J'ouvris la porte et entrai dans cette cellule. Car c'était bel et bien une cellule. Nous avions été parqués là dedans, sans doute pour ne rappeler que ce n'était jamais que par obligation qu'ils nous assistaient. L'ambassadrice nous avait dit qu'elle n'avait plus la moindre place dans l'ambassade pour nous héberger, et que c'était pourquoi nous étions parqués dans des pièces de dix pieds sur dix, un lit, une table et une chaise avec un petit tirroir, et une bougie. Le strict minimum. Mais alors que j'allais pour m'allonger, trois coups furent frappés à la porte, espacés et secs. Père.

"Que se passe-t-il ?
_ Avec les excuses de l'ambassadrice, nous avons droit à une chambre dans l'ambassade et à un joli carosse pour nous y amener. C'est un peu loin, mais dans deux heures au grand maximum, nous dormirons enfin dans des lits corrects.
_ Eh bien c'est... bienvenu."

Je me levai, et lui emboitai le pas. Je n'avais rien à emporter, je n'avais après tout rien avec moi. Nous sortîmes de la ville et descendîmes lentement la route jusqu'à l'écurie, où nous attendait en effet une belle carriole. Nous grimpâmes sans un mot, et elle s'ébranla sur ses roues. Les quatre chevaux tiraient fort et firent passer rapidement la première partie du trajet, tant que la route était à peu près correcte, et nous firent ensuite gravir tranquillement la portion la plus pentue et celle où la piste était la plus défoncée, sur le plateau au dessus de la capitale. Nous étions dans le noir le plus total quand une violente secousse nous fit rouler au bas des bancs. Nous nous relevâmes en entendant un hennissement violent, celui des quatre chevaux qui hurlaient ensemble. Nous bondîmes hors de la voiture et fîmes le tour de l'attelage.
Le conducteur était mort, deux flèches en plein coeur. Les chevaux étaient étalés au sol, leurs tripes répandues. Six loups fouillaient dans leurs abats, la tête entière enfouie dans le sang et les entrailles. Bon nombre d'éclairs jaillirent des doigts de père et fourdoyèrent les bêtes, percées de part en part. Je m'écartai pour ma part et avançai vers un rideau d'arbres, pâlement éclairé par les lunes. Les flèches venaient sans aucun doute de là. Je me préparai, au cas où un archer aurait voulu m'ajouter à sa liste. Une bonne idée. Deux projectiles jaillirent de deux endroits différents. Je fis un pas de côté en plaçant mes mains ouvertes devant moi. La première flèche s'arrêta dans les airs, et l'autre vint se planter dans la neige. Deux boules de feu partirent de dans mon dos et éclatèrent aux points d'origine. J'eus à peine le temps de voir les deux ombres prendre feu que quatre combattants en tabards bleus - des sombrages bien évidemment - nous assaillirent.

Cette fois ci, j'étais en première ligne, bien avant mon père qui se trouvait derrière nous. C'était dans ces moments, heureusement rare, que je le remerciai intérieurement de m'avoir tout de même fait suivre un entraînement physique relativement rigoureux et une bonne initiation au combat à la dague. Dague que je tirai de mon dos, laissant mon autre main libre. J'esquivai le premier coup, encombré par ma robe, et me relevai pour poser ma main sur la tête du premier assaillant, qui avait omis de mettre son heaume. Les éclairs passèrent au travers de son cerveau et lui grilllèrent chacun des neurones qui composaient sa minable cervelle. Il s'écroula, les cheveux calcinés. Il en restait trois, qui m'entourèrent, laissant de côté mon père resté dans l'ombre. Je devinai rapidement qu'il n'allait pas lever le petit doigt pour m'aider, à moins que je ne sois déjà à moitié mort. Je me positionnai rapidement et invoquai à mon côté une montagne de glace. L'atronach se retourna vers deux des soldats alors que je prenais le troisième. Il se rua sur moi, fauche en pleine course par un pic de glace, qui se volatilisa aussitôt, laissant seulement un trou béant dans sa poitine. Ce genre de sorts n'était pas ma spécialité, je ne pouvais les faire durer très longtemps. J'en envoyai deux autre aucas où, et me retournai pour voir se faire écraser les deux crânes ennemis, avant que l'atronach ne soit avalé par un tourbillon violacé.

"Tu... tu aurais quand même pu m'aider.
_ J'ai l'habitude de tester les gens en action... J'ai trouvé que c'était le bon moment.
_ Excellent ! Un hasard ?
_ Je pense que non... Ils doivent avoir un bon nombre d'hommes qui patrouillent dans tous le pays, et sans doute encore plus dans les environs de l'ambassade. Ils chercheraient à abattre les têtes de notre armée, et c'est le meilleur endroit pour ça. Ils ne peuvent attaquer l'ambassade, elle est trop bien gardée, mais des petits convois mal gardés comme le notre... En tout cas, je crois voir les lumières là bas. Dépêchons nous.

Laissant derrière nous la carriole et le corps du cocher, nous avançâmes vers les fenêtres éclairées de l'Ambassade qui se découpaient dans le lointain. Le garde vint à notre rencontre en courant dès qu'il nous eut aperçut.
"Mes... Messeigneurs, que faites vous à pied ? Vous deviez vous faire conduire...
_ Nous sommes légèrement tombés dans une embuscade, de fait notre cocher a mal supporté la flèche qu'il a prise dans le cœur.
_ Par les Huit... Entrez, je vais envoyer quelques gardes dégager le passage et récupérer le corps de ce pauvre homme.
_ C'est ça, faites ça... Nous sommes attendus ce me semble ?
_ Oui, l'ambassadrice vous attend dans la grande salle, elle avait prévue de vous accueillir.
_ Bien, nous allons entrer.
_ Je vous en prie. »

Nous passâmes dans son dos et poussâmes la porte double et épaisse de l'ambassade avant de pénétrer dans un petit corridor. Puis nous passâmes dans la grande salle, où se trouvait en effet l'ambassadrice, une superbe Altmer de grande taille. Je ne m'y intéressais pas, cela n'avait jamais été mon centre d'intérêt, mais il fallait reconnaître qu'elle était vraiment belle ! Elle se leva à notre entrée.
« Ah... bienvenue à vous ! Vous avez fait bonne route ?
_ Une petite embuscade, mais sinon, pas si mal que ça...
_ Mmh... ces Sombrges sont partout, nous avons vraiment du mal à éradiquer leur guérilla, et leurs positions sont fortifiées... Il y a beaucoup de ruines dans tout le pays, et ils en ont beaucoup à eux. Nous en avons un non loin d'ici d'ailleurs, nous avons prévu de le vider le plus rapidement possible. Enfin, ce n'est peut être pas tellement le moment de parler de ça, vous devez être fatigués.
_ Oh, non, ça va... Il n'y a pas de problèmes.
_ Bien, si vous êtes en forme, nous pourrons peut être parler un peu plus en détail de notre stratégie. Parce que avec la légion, c'est bien gentil, mais nous ne nous sommes pas gardés deux cents soldats pour les laisser moisir ici... et les cinquante justicars que nous entraînons ici doivent être utilisés à bon escient... Nous devons mettre en place nos propres patrouilles, et ce dans tout le pays.
_ Eh bien ça n'est pas compliqué, un justicar, quatre soldats, et on les envoie sur les routes.
_ Bien entendu, je pense que cela va de soi... Par contre, c'est de vous que nous devons discuter.
_ De nous ?
_ De vous, et de votre fils... qui n'a d'ailleurs pas dit mot depuis le début de notre conversation.
_ Désolé, mais je ne voyais pas tellement quoi raconter, en fait... Je n'avais pas envie d'interrompre.
_ Bon... Mais s'il doit encore faire ses preuves, vous n'avez rien à montrer à personne. Il faut donc vous trouver un poste correct à la hauteu de vos moyens.
_ Et qu'avez vous à me proposer ?
_ Je vous propose de me représenter à Solitude et de défendre Solitude aux côté du général Tullius... vous coordoneriez les actions du Thalmor et le la légion ensemble en Bordeciel.
_ C'est honorable, mais êtes vous sûre que je sois le meilleu choix que vous...
_ Mes choix, j'en suis sûre, en effet.
_ Eh bien c'est avec joie que je me chargerai de cette tâche ! Mais... pour mon fils ?
_ Je pensais lui confier un poste d'une importance légèrement moindre... La consolidation d'Haafingar me parait prioritaire, et je pense qu'il pourrait diriger les troupes chargées de reprendre les positions ennemies dans la châtellerie. Elle est de première importance, car c'est elle qui abrite Solitude. Nous devons à tout pris fortifier cette situation.
_ Eh bien je serais honoré de faire tout ce qu'il faut pour éliminer le menace Sombrage...
_ Voilà qui est parfait ! Je vous propose d'aller nous coucher... demain matin, nous discuterons plus en détail d'un plan un peu plus élaboré que ce qui est ressorti de cette réunion minable et inutile avec ces abrutis... Tullius est bien un grand chef de guerre, mais au delà de ça...
_ Eh bien nous vous souhaitons une bonne nuit !
_ Merci bien."

Nous nous levâmes et suivîmes un des gardes qui était en faction dans un coin de la pièce jusqu'à nos chambres et nous installâmes. Il fallait bien dire que c'était quand même plus confortable ! Aéré, bien chauffé quand même, un bon lit confortable...
J'allais passer une des meilleurs nuits depuis plusieurs semaines !

Le lendemain matin, je me réveillai, parfaitement en forme, et sans aucune douleur dans le dos. Il était quand même bon de pouvoir se reposer réellement, dans un vrai lit, avec un vrai matelas. Il se leva et s'habilla tranquillement, avant d'aller s'accouder à la fenêtre ouverte, nonobstant le froid qu'il faisait dehors. Les rayons du soleil rasaient à peine les neiges nouvelles qui scintillaient d'un éclat presque aveuglant, mais d'une couleur rouge orangée sublime. Les pins bruissaient doucement, à peine courbés sous une légère brise qui faisait tomber quelques paquets de neige accumulée. On frappa à la pote. Il finit de s'équiper et ouvrit le battant de bois. Un soldat en amure dorée se tenait, raide, devant lui.
"Qu'y a-t-il ?
_ Vous êtes attendu devant l'ambassade.
_ Eh bien, on va y aller...
_ Vous connaisez le chemin.
_ Bien."
Je redescendis les marches et retouvai effectivement mon chemin le long des couloirs, puis jusqu'à la porte d'entrée. Une carriole semblable à celle qui nous avait amenée à mi-chemin la veille attendait, avec à son bord l'ambassadrice et mon père. A en juger par les quelques tâches de sang qu'il y avait çà et là, c'était effectivement la même carriole que celle qui nous avait conduits.
J'ouvris la porte et m'installai sur le morceau de banquette libre.

"J'espère que nous ne vous avons pas réveillé...
_ Non madame, j'étais debout.
_ Parfait... eh bien allons-y !
_ Oui madame l'ambassadrice."
Les fouets claquèrent et les chevaux hennirent, s'ébrouèrent et mirent l'attelage en branle. Rapidement, nous avançions cahin caha sur les chemins défoncés, tirés à toute vitesse.
"Nous... nous sommes pressés ?
_ Nous sommes en guerre jeune homme.
_ D'où j'en déduis que nous sommes toujours pressés, n'est-ce pas ?
_ Bien, bien !
_ Bon, eh bien je vais la boucler en votre présence...
_ Arindil...
_ Père ?
_ Non, rien.
_ Mmh..."
Je m'enfermai dans le silence sous le regard amusé de l'ambassadrice et celui assombri de mon père, jusqu'à ce que nous arrivions aux portes de la ville, qui s'ouvrirent avant même que nous soyons arrivés. L'attelage biffurqua au niveau de la cour du palais de Mornefort et s'arrêta devant la porte de la Tour de l'Empereur.

Tous trois nous retournâmes dans la salle de la carte et nous mîmes au travail pour désigner les objectifs principaux que je devais emplir pour solidifier notre domination sur la châtellerie d'Haafingar.
On commença par m'attribuer une mission simple, histoire de vérifier que j'étais capable de mener quelque chose à bien. Il se trouvait que le phare avait été, depuis notre arrivée, pris par les Sombrages, qui s'en servaient de poste d'observation et qui bloquaient le feu pour ne donner aucune indication. Ils avaient déjà causé un naufrage sur les écueils, ainsi qu'une rencontre frontale entre deux galères marchandes qui avaient elles aussi bien failli finir par le fond.
Ils m'attribuèrent deux justicars ainsi que les huits soldats qu'ils avaient sous leurs ordres pour aller libérer le fort et ses alentours, et poster l'une des deux escadres autour de l'édifice pour le garder et maintenir le feu.

Je sortis rapidement, histoire de me mettre au travail le plus vite possible, laissant mon père et l'ambassadrice se mettre d'accord sur quelques stratégies. Qu'ils fassent ça entre eux, je me plierai par la suite à ce qu'ils avaient décidé.
Ils m'attendaient dans la tour, debout au soleil, au repos. Ils se mirent au garde à vous dès qu'ils me virent m'approcher.
"Seigneur !
_ Repos les gars, repos...
_ Bien monsieur.
_ Voilà, monsieur, c'est pas mal, c'est déjà moins ampoulé que "seigneur"... Bon, y en a-t-il un qui a déjà été du côté du phare ?" Un silence gêné suivit sa question. Apparemment, pas le moindre d'entre eux n'y avait mis les pieds. "Bon, ce n'est pas très grave... Vous êtes tous prêts ?
_ Oui monsieur !
_ Bon, eh bien allons-y, il y a un peu de marche, et j'aimerais bien qu'on ait fini ça dans la journée. On doit pouvoir reprendre ce foutu phare rapidement, et sans pertes encore !
_ En faisant attention...
_ Nous les écraserons. En route !"

Je pris la tête de la petite colonne et nous nous dirigeâmes vers la pote de la ville, qui s'entr'ouvrit simplement pour notre petite compagnie.
Ma première mission en Bodeciel débutait enfin !

Dès que nous ne fûmes plus en vue des gardes de la cité, j'intimais l'ordre à mes soldats de rompre la formation et de se déplacer comme au repos. Au soldat qui me demanda pourquoi si peu de rigueur militaire, avec une pointe d'insubordination dans la voix, je répondis que j'avais suffisamment lu sur ce pays et ses habitants pour comprendre que la rigidité de notre fonctionnement allait devoir s'accomoder d'une certaine souplesse : on ne brise pas une guérilla d'embuscade lors d'une bataille rangée. Il reprit sa place, et plus jamais ne discuta mes ordres.
Nous marchâmes plutôt rapidement, aussi le soleil était-il à peine arrivé à son zénith quand nous nous trouvâmes enfin en vue du phare, au loin. Je demandai aux soldats de garder profil bas et de me suivre dans les rocailles et les sapins qui montaient au dessus de l'édifice. Je laissai les huit hommes derrière moi et commandai aux justiciars de me suivre jusqu'à une arrête rocheuse d'où, substitués à leurs regards, nous pûmes à loisir observer les Sombrages et le phare en lui même.

La construction était plutôt laide, une grosse tour carrée sur laquelle se dessinait un cercle, et un grand bucher fumant où devait normalement brûler une flamme. Trois étages de meurtrières se découpaient dans la paroi, une seule fente par palier, et à tous les coups un archer derière chaque. Il fallait également compter avec les deux archers et les deux soldats qu'il y avait au sommet, ainsi que les quatre fantassins et leur commandant tout en bas. Cela faisait douze hommes visibles, et normalement tout, ils n'étaient pas du genre à élaborer des pièges larges, et puis le terrain ne le permettait pas vraiment. Douze contre onze... Mais nous avions des mages, et j'avais des invocations en réserve... Rien de plus aisé !
Nous nous retirâmes vers le cercle des hommes dans notre dos, histoire de commencer à élaborer un rudiment se stratégie, Ancar et Faeril, les deux justiciars, juste à mes côtés.

"Bon... je vous ai dit que je n'avais pas la moindre envie de perdre qui que ce soit, et je compte bien m'y tenir. J'ai une proposition à vous faire, mais elle dépendra de vous deux.
_ Nous ?
_ Pourquoi donc ?
_ A quel point êtes vous précis dans vos sortilèges ?
_ Euh... moi c'est le feu, répondit Ancar, donc c'est des explosions larges.
_ Moi je suis plus foudre, reprit Faeril, donc sans problèmes... Pourquoi ?
_ Voilà ce que je vous propose. J'invoque un atronach de glace ainsi qu'un atronach de feu, et...
_ Vous pourrez tenir les deux ?
_ Pendant quelques heures oui, donc ça va aller. L'atronach de feu volera jusqu'au sommet de la tour et s'occupera des quatre hommes qui s'y trouvent. Pendant ce temps, l'atronach de glace foncera sur les hommes en faction devant, avec les huits soldats dans le dos. Il les couvrira, au cas où il y aurait quelques tires de flèches. Toi Ancar, tu balances les flammes sur la dernière meurtrière, et toi Faeril, des éclairs dans les deux autres, pour éliminer cette menace. Si tout se passe bien, en quelques secondes nous serons maîtres de ce phare, et sans pertes. Des commentaires ?
_ Aucun.
_ Non...
_ Bon, eh bien tout le monde se prépare, le signal est mon atronach mettant le feu là haut. Bonne chance soldats."

Ancar et Faeril se postèrent sur le rocher, courbés en deux, prêts à envoyer leurs sortilèges, tandis que leurs hommes se placaient derrière le rideau d'arbres. Je me mis à chemin de la pente rocailleuse, et me concentrai. Le portail s'ouvrit à mon côté, et en jaillit la forme enflammée d'un atronach brûlant, qui fit une courte pirouette dans les airs et se stabilisa, flottant légèrement au dessus du sol. Puis je m'y remis, et fit apparaitre un nouveau portail, juste devant l'orée de la forêt. Il se résorba sur l'immense stature bleutée d'un atronachde givre, qui s'étira en craquant avant de s'élancer sur les Sombrages figés. La cohorte de soldats elfes le suivit, toutes armes dehors.
Au même moment, l'atronach se précipita sur le sommet du phare et carbonisa dans un long torrent de flammes les deux archers qui se préparaient déjà à tirer sur les fantassins. Trois pointes scintillèrent hors des meurtrières. Une boule de flammes passa par la petite fente, et explosa à l'intérieur, projettant des flammes jusque sur le toit, poussant l'un des fantassins, brûlé par le souffle, à se jeter du haut de la tour et à s'écraser sur les rochers saillants. Le dernier fut saisi par l'atronach volant et enmmené loin au dessus des flot alors qu'il prenait lentement feu. La créature le lâcha et le laissa s'éclater sur les flots calmes.
La foudre frappa les deux suivants, passant au beau milieu de la pierre, transperçant les archers de part en part. Au moins ils ne tireraient pas sur les fantassins... Lesquels semblaient n'avoir rien eu à faire. Le monstre de glace avait écrasé deux hommes, empalé les deux suivants, et fissuré la paroi de la tour en fonçant dessus, avant de disparaitre. Nous redescendîmes et nous regrouppâmes devant la porte béante de la bâtisse carrée.

"Bon... tout le monde va bien ?
_ Pour le coup, oui, on a pas eu besoin d'aller réellement au combat... Bravo à vous pour vos invocations, du bon travail !
_ Merci à vous ! Enfin... Il est à peine midi, à quelle heure les légionnaires doivent-ils arriver ?
_ Euh... Il faut envoyer un message à Solitude.
_ Quoi ? Ah génial... Bon on va pas s'ennuyer à remonter, j'en suis bon pour un atronach. Et c'est reparti..."
J'invoquai une nouvelle créature de flammes, qui partit à toute vitesse vers les murs de la cité, communiquer le petit message que nous devions transmettre.

Une heure plus tard, un contingent de quinze légionnaires arrivait sur les lieux tandis que nous repartions vers Solitude, victorieux. J'avais un excellent rapport à faire.

La reconnaissance n'était pas le fort de l'ambassadrice apparemment. Le fait que j'aie pris, en si peu de temps, et sans aucune perte, ce phare certes modeste, mais tout de même occupé, ne lui fit pas la moindre impression. Elle se contenta de hocher la tête et de revenir à sa discussion avec un nouvel arrivant. Mon père m'adressa tout de même un sourire, je voyais qu'il était content de moi. Mais les effusions, le Thalmor les refrénait autant que possible, il fallait croire.
Je me contentai donc de cela et me retirai dans le couloir, choisissant un banc bien éclairé pour attendre qu'ils en aient fini là dedans. Si jamais je devais repartir en mission, j'avais dans l'idée de demander à être accompagné par cette compagnie. Les hommes étaient de bons soldats, à en juger par ce que j'avais vu efficaces, et pas trop dans le genre à sans cesse discuter les ordres. Enfin, pour cela, il fallait dire que la classique formation militaire que tout un chacun suivait était d'une efficacité redoutable, transformant nombre de rebelles et de têtes brûlées en automates Dwemers. Les autres étaient renvoyés.
Il allait juste falloir les décoincer un peu, et ça serait bon.

Une demi heure plus tard, tous trois sortirent de la salle. Le général se sépara rapidement de l'ambassadrice et de père, à qui j'emboîtai le pas sans me poser de question. A en juger par leurs têtes, l'humeur n'était pas au beau fixe, ni même à la parole. La grande dame était raide, les lèvres pincées, et lui, il affichait sa tête des plus mauvais jours. Typique de chez nous ça, ça avait du barder sévère là dedans, et pourtant pas un éclat de voix n'était passé au travers de la mince porte de bois. Ils savaient qu'ils étaient chez l'ennemi, avec cet allié forcé, et puis ce n'était pas le genre de la maison, les engueulades sévères. Les hauts dignitaires Altmers avaient le chic pour se hurler dessus en termes courtois, polis, mesurés, et à voix basse. Un murmure était bien plus à craindre qu'un cri...

Nous ne remontâmes pas dans la voiture, qui attendait toujours sagement dans la cour, cachée dans un coin à l'ombre pour éviter aux chevaux de crever de soif, mais traversâmes celle-ci pour entrer dans les quartiers de la Légion. Quelques dernières mises au point en vue sans doute.
Tullius, Rikke et trois autres légats se trouvaient également là, en train d'étudier, de leur côté, la carte du pays. Ils poursuivaient, après tout, bien que contraints et forcés, les mêmes objectifs que nous !
Ils se raidirent à notre entrée, sauf Tullius, qui ne nous lâcha pas un regard. Pour les autres, ce n'était pas un garde à vous, mais une méfiance exacerbée à notre égard. Je pouvais comprendre, mais ça confinait au ridicule à ce niveau là.

« Bonjour général.
_ Ambassardice... Que me vaut cet... insigne honneur ?
_ Quelques précisions à apporter.
_ Sur ?
_ Sur la reconquête progressive et la consolidation de nos progressions en Bordeciel. L'homme que vous voyez ici est mon représentant officiel à Solitude. Il connait mon point de vue, il résidera ici, dans des logements plus décents que ceux que vous lui aviez attribués. Et il participera à toutes vos réunions.
_ Mmh.
_ Quoi ?
_ Mais rien. Que voulez vous que je dise ?
_ Bon... Et, le jeune homme que vous voyez ici...
_ Jeune homme ? Il doit avoir quarante ans de plus que moi !
_ Oui, mais nous ne pouvons nous comparer...
_ Bah voyons. Donc, ce « jeune homme » ?
_ Il s'occupera personnellement de la reconquête des châtelleries, et mènera les assauts les plus importants lui même. Il va commencer par Haafingar, les divins savent que nous n'en sommes même pas pleinement maîtres !
_ Et nous ne le serons jamais. Notre seule chance, c'est d'atteindre Vendeaume. Couper la tête, et le monstre tombera.
_ Et pour atteindre la tête, il nous faut contrôler les membres, et donc annexer les châtelleries. Paradoxe tactique, j'en conviens, cela sera une course de vitesse, mais seulement de cette manière nous pourrons en finir avec cette maudite rébellion.
_ Bon... C'est tout ?
_ Non, je voudrais que vous mettiez à disposition de notre jeune ami quelques hommes.
_ Euh... » J'osai timidement un : « Non merci, sans façon.
_ Et vous pensez avoir le choix ?
_ C'est bien moi qui vais partir me battre non ?
_ Et donc ?
_ J'aimerais autant éviter d'avoir une moitié de mon équipe qui ait envie de massacrer l'autre. Pour des raisons évidentes je crois. Si je pouvais simplement avoir quelques soldats supplémentaires de chez nous...
_ Je vous accorde ce privilège pour l'instant. Je pense que vous pouvez reprendre les alentours de la capitale sans aide. Mais sachez bien que quand vous vous éloignerez, vous serez bien content de trouver quelques légionnaires à vos côtés.
_ Sans compter que mes hommes pourraient prendre la mouche, renchérit Tullius. Ils n'aimeront pas trop ce manque de confiance.
_ Eh bien, répondis-je en tenant bon, je verrai cela avec eux quand j'en aurai fini avec Haafingar. Mais comme cela ne me semble pas encore le cas, j'attendrai un peu me contenterai de renforts Thalmori.
_ Ainsi soit il ! »

La réunion s'acheva sur cette maigre victoire de ma part. J'avais pu négocier de n'avoir affaire qu'à des soldats Altmers, c'était déjà ça...
Mais même avec ça, ça n'allait pas être une partie de plaisir !